Les Miscellanées de So

Mercredi 27 avril – Les nuits sont encore fraîches, même dans le Sud, et le brouillard s’invite au petit matin.

Mais, ça ne dure pas! Le soleil est vite de la partie. Ce matin, on cercle et on épampre. Cercler consiste à dégager le pied de vigne de la terre qui a été rabattue quand on a décavaillonné. Epamprer, c’est enlever les pousses sur le pied et sur le cep qui ne donneront pas de raisins et qui concurrenceront les futures grappes. Ce n’est pas de tout repos! Surtout cercler. Heureusement qu’Adrian me prête main forte!

A travailler sous le soleil, j’ai les épaules et le bas du dos brûlé! J’ai l’air fine! Vive le bronzage agricole!

Mardi 26 avril – Après un week-end de Pâques bien arrosé, les affaires reprennent! Je suis chez ma grande cousine et son mari à Varen (village paumé dans le Tarn et Garonne)! De là, je prépare ma semaine gaillacoise.

Sur les conseils d’Amandine et Médéric, des « collègues », je me rends chez Laurent Cazottes. Distillateur, liquoriste, mais pas que! Il a repris l’activité de son père en 1998, qui était bouilleur ambulant, c’est-à-dire qu’il passait de ville en ville pour distiller la production des autres. L’alambic de son père est toujours en service, il est maintenant fixe. Habituellement, on distille d’octobre à mars. Les fruits doivent fermenter plusieurs mois (jusqu’à deux ans), pour atteindre le taux d’alcool nécessaire et obtenir une extraction optimale des arômes. En attendant, ils sont conservés dans des tonneaux plastiques à l’air libre. Mais Laurent Cazottes ne distille pas que des fruits, il produit également des eaux florales et des huiles essentielles. Il fait également de l’huile de tournesol, du miel, des pistils de safran, des truffes,… Il est associé dans deux bars à vins de la région et il a aussi un négoce (il revend des vins au tarif grossiste.)

Tous ses produits sont en agriculture biologique et il est très concerné par les vins « naturels ». Ce qu’il entend par vin naturel, ce sont tous les vins qui ne sont pas trafiqués à la vigne puis au chai. Le travail à la vigne est essentiel pour obtenir les meilleurs raisins, puisqu’au chai les baies ne subiront aucune méthode technique/technologique. Ce terme englobe donc les vins bios et biodynamiques.

Le matin, j’aide Sandra à embouteiller et étiqueter. La distillerie de Laurent Cazottes est 100% artisanale. Tout est fait à la main. A l’ancienne! On prépare plusieurs commandes. L’après-midi, Laurent m’emmène livrer quelques clients à Albi et Gaillac. Il me suggère de visiter la cathédrale d’Albi qui vient d’être classée Patrimoine mondial à l’Unesco.

Tout en briques rouges à l’extérieur, elle est entièrement peinte à l’intérieur.

Demain, y a du boulot dans les vignes!

Vendredi 22 avril – Si certains ne le savent pas encore, j’adore aller au marché! Je profite donc de mon début de matinée pour aller au marché de Prayssac, une petite ville près de mon camping. J’achète du fromage (mon péché mignon), Cabécou et crottin affiné, et un saucisson de porc et de sanglier (mon autre péché mignon!).

Puis, je me rends au Clos d’un Jour à Duravel. Je me « balade » (traduction : je me paume)! Mon sens de l’orientation me perdra! C’est sûr! J’arrive (enfin!) devant une bâtisse, les vignes sont juste derrière, sur un plateau. C’est vraiment beau!

Stéphane Azémar, avec sa femme Véronique, ont acheté les vignes en 1999. Ca fait donc 11 ans qu’ils cultivent, vinifient et vendent leurs vins. Ils sont originaires de la région parisienne et un jour ils ont fait leurs valises, direction le Lot! Ils sont en bio depuis le début quasiment, ils laissent les vignes enherbées en totalité. Seuls les moutons se chargent de faire un peu de tonte!

Ils ont trois cuvées, une en cuve, Clos d’un Jour, une en jarres, Un jour sur terre, une en barriques, Un jour… Ce sont des vins différents de ceux du château du Cèdre mais qui ont les mêmes qualités, du fruit, de la fraîcheur, de la puissance! J’aime beaucoup. C’est la première fois que je vois (de mes yeux) un vieillisement en jarres. Grâce à cette cuvée, ils ont obtenu la médaille d’Or au concours agricole de Paris. Elle passe 6 mois en cuve béton puis 12 mois en jarres. La jarre apporte une oxygénation particulière au vin. Toutes les jarres sont réassemblées avant que le vin soit mis en bouteille.

Encore une fois, c’est génial de goûter et d’apprécier un vin (quand j’étais encore en formation) et de se retrouver en face de la personne qui l’a fait un an plus tard!

Après-midi au soleil à finir un super roman (« Dernière nuit à Twisted River » de John Irving). Et au fait, à bas les chenilles!

Jeudi 21 avril – La nuit sous la tente s’est bien passée! J’ai juste la nuque un peu raide!

Ce matin, je me rends au château du Cèdre (où il y a effectivement un cèdre!). Je suis reçue par une attachée commerciale qui connaît bien le domaine. Pendant une heure, elle m’a présentée le domaine et j’ai dégusté les vins. Pascal et Jean-Marc Verhaeghe sont la troisième génération de vignerons. Ils ont repris le domaine en 1988. Le château du Cèdre est en quelque sorte le fer de lance de l’appellation Cahors. Pascal est oenologue et s’occupe de la partie vinification et commerce, Jean-Marc est en charge des vignes. J’aurais bien aimé les rencontrer mais tous deux sont très occupés et par monts et par vaux!

J’aime beaucoup leurs vins. Ils sont complexes. Du fruit, de la puissance, de la finesse, du velouté, de la fraîcheur et de la minéralité, loin de l’image négative que certains peuvent avoir du Cahors, un vin lourd et tannique, parfois imbuvable! Ici, ce n’est pas le cas, toutes les cuvées ont les qualités que je viens d’exprimer avec des nuances.

Sur le chemin pour la ville de Cahors, je me suis arrêtée à Bélaye où il y a un très beau point de vue sur le Lot et les vignes.

Et me voici à Cahors pour me balader. Cahors est une jolie ville, il y a la ville médiévale avec de beaux monuments, des ruelles typiques et la ville moderne. C’est sympa mais je ne suis pas totalement séduite…

La cathédrale Saint-Etienne.

Une ruelle dans la ville médiévale.

En rentrant au camping, je m’occupe un peu des affaires internes. Je contacte par mail le domaine de Causse Marines. Peu de temps après, je reçois un coup de fil de Patrice Lescarret. Il ne peut malheureusement pas me recevoir la semaine prochaine car il sera sur un salon en Belgique. On prend le temps de discuter un peu même s’ils sont débordés avec sa compagne, Virginie Maignien. Ils font tout à deux sur le domaine (10,50 ha). Ils sont en biodynamie et font leur préparation eux-mêmes (ce qui n’est pas le cas de tous les vignerons en biodynamie). Il confirme mon avis sur la biodynamie à savoir que c’est une vraie philosophie de vie, pas seulement un choix de culture de la vigne. Il en a après ceux qui se disent en biodynamie, mais qui font ça par arrivisme, par effet de mode. Ce n’est pas pour autant qu’il pense détenir la vérité en continuant la biodynamie, mais lui y trouve son intérêt. Il observe l’évolution de sa vigne comme celle d’un enfant (c’est son expression) et n’en est pas encore à tirer des conclusions… En bref, une conversation très intéressante qui me fait regretter que nos emplois du temps ne soient pas compatibles.