Les Miscellanées de So

Vendredi 27 mai – Le domaine d’Eriane est tout jeune puisque son premier millésime date de 2007. Avant, les raisins partaient à la coopérative. Le père de Claude-Eric était en agriculture conventionnelle. Depuis les débuts du domaine, Claude-Eric est en reconversion vers l’agriculture biologique. Pour le moment, il y a trois cuvées. Un blanc, un rosé, un rouge. Le blanc 2010, 100% sauvignon, est frais et tendu. C’est très bon et bien fait! Le rosé 2010 est dans le même style, pâle et sec. Mais dommage, il n’y en a plus! Le rouge 2009 est assez fruité et tannique en même temps. Une légère amertume est présente en fin de bouche, mais en mangeant, pas de problème!

Claude-Eric s’est levé plusieurs fois dans la nuit pour poudrer (soufrer) ses vignes, mais pas de chance, il y avait du vent, ce qui rend l’action inutile. Il confirme mes premières constatations qui sont que le travail d’un vigneron, ce n’est pas de tout repos! Il faut savoir tout faire et comme l’ajoute Claude-Eric « il faut savoir tout faire et être bon dans tout »… La vigne, le chai, la mécanique, la comptabilité, le commercial…

Toute la journée, je remonte les fils.

Pas palissé.

Palissé.

Quelques gouttes le matin, un soleil de plomb l’après-midi, une nouvelle marque de bronzage qui vient s’ajouter aux anciennes. Tout est normal!

Jeudi 26 mai –  Je suis arrivée hier soir chez Claude-Eric Prade du domaine d’Eriane et sa femme Karine. On prend l’apéro en discutant vin et au dîner ils me font déguster un vin à l’aveugle. Le nez fruits rouges est agréable mais en bouche la finale est un peu chaude. Ca manque de fraîcheur à mon goût. C’était une Grange des Pères 2008! Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un vin rouge considéré comme l’un des meilleurs du Languedoc. Les cavistes se battent pour en avoir au moins une… qu’ils gardent pour eux! Bref! Je suis quand même très touchée par le geste! Et vous pouvez maintenant déduire que j’ai été bien accueillie!

Le matin, Claude-Eric doit soutirer une de ses cuves de rouge. Il y a du travail de nettoyage avant de pouvoir effectuer l’opération. Le soutirage permet d’ôter les lies qui se sont déposées au fond de la cuve. Il suffit de pomper la cuve pleine et d’arrêter avant d’aspirer le dépôt. Il ajoute un peu de soufre liquide pour stabiliser le vin. Une dose vraiment infime qu’il calcule d’après les analyses qui ont été faites il y a quelques jours.

Après le déjeuner, je rejoins son employé dans les vignes pour épamprer un peu et surtout palisser. Il fait très chaud!

En fin d’après-midi, Claude-Eric doit s’occuper de ses foins. En plus de ses 14ha de vignes, il doit gérer le fauchage et le ballotage du foin. Et c’est tout un art! Trop sec ou pas assez, bon à en faire des ballots ou pas, chacun a un avis, c’est compliqué! J’y connais rien alors je ne suis pas d’une grande aide, j’en profite pour faire des photos!

Cette vigne est remplie de papillons! C’est trop joli! J’ai réussi à en avoir un, sur cette photo. A vous de le retrouver!

Les foins et les vignes.

Mercredi 25 mai – Frédéric Pourtalié m’a conseillé d’aller voir un autre domaine à quelques kilomètres de Puéchabon. Me voici à Saint Jean de Fos pour rencontrer Xavier Braujou de la Terrasse d’Elise. On fait connaissance puis il me fait goûter ses vins sur fût et en bouteille. Xavier est un passionné. Impossible pour lui d’arrêter de travailler ne serait-ce qu’une semaine! Son credo, assembler les terroirs. Ses vins sont tous des mono-cépages. Sa cuvée le Pradel, 100% cinsault, est un petit bijou! Un régal! Il arrive à donner du corps et de la complexité à un cépage qui normalement est utilisé pour les rosés ou assembler pour apporter de la fluidité au vin. Une vraie réussite!

Après un déjeuner sur la place de Saint Jean de Fos, je vais visiter Saint Guilhem le Désert. Un village qui vaut vraiment le détour.

L’abbaye de Gellone datant du XIème siècle.

Le cloître.

Bis.

Une rue du village.

Des pas de portes!

Mardi 24 mai – Deux visites aujourd’hui. Le matin au Mas de Daumas Gassac et l’après-midi au domaine de l’Hortus.

A 10h, je suis reçue par Roman Guibert, le troisième fils d’Aimé Guibert, vigneron qui a créé le domaine. Il me montre les vignes tout en m’expliquant l’historique et la philosophie du Mas de Daumas Gassac. Dans les années 70, c’est Henry Enjalbert qui conseille à Aimé Guibert d’acquérir des terres à Aniane. De son point de vue, le terroir de grèzes calcaires est exceptionnel pour planter de la vigne et produire de grands vins. Les vignes sont plantées en clairière (où cela s’avérait possible!) au milieu de plusieurs hectares de fôret.

De ce point de vue, on voit bien les différentes parcelles disséminées dans la garrigue. C’est superbe à voir!

C’est Emile Peynaud qui a prêté main forte à Aimé Guibert pour la partie vinifications. Dès le début, le Mas de Daumas Gassac a été à contre-courant de la viticulture languedocienne de l’époque. Pas de produits systémiques, des cépages non clonés, des faibles rendements, vendanges manuelles, travail de cave par gravité. Le Mas de Daumas Gassac a dorénavant le succès qu’on lui connaît renforcé par la participation d’Aimé Guibert au film Mondovino. A 86 ans, il est toujours sur le pont! Je l’ai croisé brièvement.

Quand je vous disais que les coquelicots étaient de sortie!

A 17h, c’est Martin Orliac qui m’accueille au domaine de l’Hortus. Les vignes du domaine sont entre le Pic Saint Loup et la montagne de l’Hortus. Le cadre est magnifique!

Les parents de Martin sont tombés amoureux du lieu et ont commencé à acheter des terres et quelques vignes laissées à l’abandon. Aujourd’hui, le domaine compte 60ha dont un tiers de blancs. Il y a ici un micro-climat. Beaucoup de vent et de la pluie en quantité suffisante pour que la vigne ne souffre pas de la sècheresse. Les terroirs sont essentiellement composés des cônes d’éboulis des deux montagnes avec des dominantes calcaires ou argileuses.

Ce qui prime pour la famille Orliac, c’est le respect de la nature (sans avoir de label bio) et la qualité de leurs vins. Les connaissances de Martin sur les sols, la géologie, les climats, les cépages, les vinifications,… etc. ne présage que du bon!

Lundi 23 mai – J’ai rendez-vous à 7h du matin à Puéchabon au domaine Montcalmes. Direction les vignes. Ils sont cinq à palisser (avec Frédéric Pourtalié, le vigneron), six avec moi. La végétation a deux semaines d’avance comme à peu près partout. Ils font donc des grosses journées.

Montcalmes est classé en Terrasses du Larzac. C’est un domaine assez réputé en Languedoc. Les terroirs principaux sont composés soit de galets roulés soit de calcaire. Le rouge est en syrah, grenache, mourvèdre ; le blanc, plus rare car moins de vignes, est en roussanne, marsanne. Les deux vins sont élevés en barriques pendant 24 mois. On a goûté avec Frédéric et un importateur anglais plusieurs barriques des millésimes 2009 et 2010 et c’est vraiment flagrant, les cépages se comportent différemment selon les terroirs.

Pour le millésime 2009, il y a également deux nouveautés. Un 100% viognier qui est en bouteille et un 100% chardonnay, en cuve pour le moment. Les deux vins ont beaucoup de fraîcheur et de finesse, à l’image des autres vins du domaine. Vous l’aurez compris, j’aime beaucoup ses vins!

Le soleil fait plus que chauffer, il cogne! Et pas un souffle d’air. Je passe l’après-midi dans la cave avec Frédéric. On couche des bouteilles qui ont été maintenues debout après la mise. Le fait de les garder droites pendant plusieurs semaines permet de voir si des bouteilles ont coulé et donc si elles ont un défaut. Mais après ça, il faut les coucher. C’est mieux pour la conservation et surtout ça prend moins de place!

Vendredi 20 mai – Ce matin , j’ai rendez-vous à 8h au domaine Borie Lavitarèle, Saint-Chinian. Cathy Izarn m’accompagne aux vignes où deux employés, le père et le fils, sont en train de palisser. Je leur prête main forte jusqu’à midi. Palisser consiste à relever les fils de fer pour que le feuillage soit « guidé ». Ca a l’air simple comme ça de passer dans un rang et de remettre le fil sur son attache, mais c’est plus que fastidieux!

Du grenache noir sur un sol de galets roulés.

Je déjeune avec Cathy et Jean-François Izarn (qui était sur le tracteur toute la matinée). Ca nous permet de prendre le temps de discuter un peu. Ca fait environ 20 ans qu’ils sont vignerons à Causse. Ils sont en bio et en biodynamie depuis 10 ans. Ils ont agrandi le domaine petit à petit et possèdent maintenant 18ha. Pas plus, car c’est important pour eux que le domaine reste à taille humaine. Ils font les vins qu’ils aiment et le prouvent en plantant du chenin (!), du bourboulenc, de la clairette, pour produire du blanc dans un futur proche. A déguster d’ici deux ans!

Jeudi 19 mai – Après une nouvelle escapade parisienne, me revoici dans le Languedoc. Sur les conseils de Frédéric Palacios, je rencontre Jean-Baptiste Sénat, vigneron dans le Minervois. D’origine parisienne, la grève de 1995 est la goutte d’eau. Il décide avec sa femme de tout plaquer et de partir s’installer à Trausse.

Maintenant, il a plusieurs parcelles disséminées à 15kms à la ronde, principalement des vieilles vignes de grenache, carignan et mourvèdre. Ce qui compte pour lui, c’est le sol. Il faut que le sol soit vivant et bien aéré. Au chai, il intervient le moins possible et assemble ses différentes cuvées selon ses envies. (D’une année sur l’autre, les encépagements peuvent varier.) Ce qui prime avant tout pour ses vins, c’est la fraîcheur. Et c’est réussi!

Toujours pas de photos mais juste pour vous dire que les paysages languedociens sont superbes! Ah, la garrigue! Les genêts sont en fleur et les coquelicots sont de sortie! Partout, ça sent le thym et le romarin grillés par le soleil!

Vendredi 13 mai – Je n’ai pas dégainé l’appareil photo aujourd’hui! Donc pas d’illustrations de texte!

Je rencontre Frédéric Palacios du Mas de mon Père dans un café où je m’arrête pour demander mon chemin jusqu’au domaine! Après un petit interrogatoire en règle sur ce que je pense du bio, la journée peut commencer! On s’occupe de la vieille décavaillonneuse (dernier investissement en date). Il faut ajouter des pièces, en enlever d’autres, pour qu’elle puisse être atteler au tracteur. Autant dire que je ne suis pas d’une grande aide, mais je fais mon possible!

Frédéric a hâte de tester sa machine sur ses vignes, ce qu’on fait en milieu d’après-midi. Il y a des ratés mais après quelques réglages, c’est plutôt pas mal. Malheureusement, une des pièces se tord sur le côté droit, qui rend cette partie inutilisable… On continue un peu avec un seul côté puis on rentre goûter les vins.

L’appellation Malepère est méconnue en France, Frédéric Palacios en est devenu le fer de lance à son insu. Il exploite seul 5ha et demi de vigne en agriculture biologique, ce qui n’est pas vraiment le cas des autres vignerons de l’appellation. La particularité de la Malepère est de produire des vins d’assemblage avec des cépages bordelais : merlot, cabernet sauvignon, malbec. Frédéric a également des cuvées en mono-cépage, merlot, malbec, carignan, chasan (pour le blanc), classés en vin de Pays d’Oc ou vin de table.

C’est loin d’être un secret, j’aime ses vins! De la complexité, de la rondeur, du fruit, de la souplesse, de la puissance, de l’originalité, un petit quelque chose qui fait que… Et je ne suis pas du tout déçue en goûtant les 2010! C’est toujours aussi bon! J’ai hâte de pourvoir déguster les vins « finis »!